•  --Chapitre 4, partie 6 (fin)--

     

    Quand notre voiture entra dans le parking, nous vîmes Tachibana et M. et Mme Léon faisant face à un groupe de garçon à l’air menaçant.

    La scène était extrêmement chargée en tension.

    Nous ne pouvions rien faire d’autre que retenir notre souffle et rester dans la voiture. Seule Helena en sortit.

     

    « Tachibana, je vais bien. »

     

    Après avoir dit  ça, elle courut et se positionna entre les deux groups. C’était une personne insouciante, mais ça, c’était trop extrême.

    Et ce n’est pas tout…

     

    « Vous autres êtes trop extrêmes, m’utiliser pour attire Tachibana ici comme ça. Si quelque chose m’était vraiment arrivé, le groupe Tamaki (tn: la société de ses parents) ne serait pas resté les bras croisés ! »

     

    Sa voix avait tremblé un peu, mais c’était dit.

    Une telle confiance en soi ? C’est bien notre Helena.

    Elle avait bien parlé devant cette bande de garçons effrayant, ses mots les frappants comme des balles.

     

    Mais ce n’est pas le moment de dire ça!

    Nous descendîmes de la voiture, et nous nous plaçâmes devant Helena, comme pour la protéger.

    A cet instant, la mère de Tachibana parla doucement derrière nous. « Les vrais amis deviennent votre force dans les instants difficile. C’est bien qu’Helena ait de telles amies. »

    Nous nous retournâmes pour la voir sourire.

     

    C’est bien pour toi, ça, Helena. Sa mère est devenue ton alliée dans un si court laps de temps.

    Tachibana devrait se calmer maintenant, en voyant Helena. C’était une bonne idée qu’elle vienne, après tout.

     

    La seule raison pour laquelle il était venu se confronter à ces gens était pour sauver Helena. Cependant, il semblait toujours vouloir se venger du gang.

    Son ancien gang s’avança vers nous, mâchant du chewing-gum avec un sourire narquois.

    Immédiatement, Tachibana nous fit reculer derrière lui, et se tint entre le gang et nous, avec Léon et sa femme à ses côtés.

     

    « Tachibana, c’est ton passé qui refait surface. Tu comprends cela, n’est-ce pas ? » Léon parla doucement mais fermement, et Tachibana acquiesça.

     

    « Ferme-là, le vieux. » « Tachibana, tu traînes avec tes parents et des filles maintenant ? C’est tellement pas cool. »

     

    Wow, ils sont tellement effrayants.

    Ces mecs sont ceux qui ont piégé un garçon seul en utilisant une lycéenne, puis qui se sont rassemblés en groupe pour l’affronter. Donc qui sont les vraies mauviettes ?

     

    « Je ne veux pas d’un garçon aussi énorme et effrayant ! » Cria Léon d’une voix forte, complètement différente de son ton calme d’il y a un instant.

     

    « A-attendez, M. Yamaki, qu’est-ce que vous racontez? Ce n’est pas le moment de lancer des jolies piques réfléchies ! » S’écria Sophie.

     

    Entendant Sophie, les garçons ricanèrent entre eux.

    « Oh, maintenant des petits lycéen se moquent de toi » Tout en disant cela, la femme de Léon déplia un manteau qu’elle tenait dans ses bras, et le plaça sur les épaules de Léon par-dessus son tee-shirt blanc. N’était-ce pas un manteau porté par des gangs de bikers délinquants par le passé ?

     

    « Y-Yamaki…? » Les membres du gang se regardèrent et murmurèrent entre eux.

     

    « Qu’est-ce qu’il se passe ? »

     

    « C’est un vieux manteaux de biker. Regarde, il y a plein de mots brodés dessus. » Expliqua Sophie.

     

    Portant son manteau de biker, Léon s’avança vers le gang.

    Pour quelques raisons, le gang commença à reculer.

     

    « Ce manteau n’est pas que pour faire le show » Cria Léon, en tournant les talons et montrant le dos de son manteau au gang.

     

    « Ne pas tenir compte des opinions ; Gang Explosif de Misora, Leader de la troisième génération, Yamaki Rokurou » était brodé au dos.

     

    Les choses avaient soudain pris une tournure hallucinante.  

     

    « Se pourrait-il? Le légendaire… »

     

    Le gang murmurait à nouveaux. Que disaient-ils ?

     

    Je les avais entendus dire le mot « légendaire ».

     

    « Nous sommes désolés! » Tout en disant cela, celui qui semblait être le leader du gang se prosterna soudainement au sol. 

     

    C’était la première fois que je voyais quelqu’un se prosterner dans la vraie vie. Puis, comme une avalanche, tous les autres membres du gang se prosternèrent. Ils tremblaient tous.

     

    Léon attrapa le bras du leader, le releva, et sembla lui chuchoter quelque chose. Le leader rassembla ensuite tous les membres du gang, et le groupe disparu du parking en quelques secondes.

     

    Je pense que les expressions sur nos visages étaient toutes des variations de choc.

     

    Peut-être comprendrez-vous plus l’ambiance si je disais que c’était comme si Mito Komon venait juste de sortir son sceaux. (nt: Mito Komon est une figure importante de la puissante ère Edo, qui déguisé en roturier, parcourrait les campagnes pour attraper et punir les fonctionnaires corrompus. Son sceaux était la preuve de sa réelle identité.)

     

    Un long moment après, Léon nous parla un peu plus de ce monde dont on ignorait tout, où le manteau était un symbole du leader de chaque génération du gang de biker.

     

    Dans tous les cas, c’est vraiment une erreur de juger quiconque sur leur apparence ou sur ce que disent les rumeurs à leur propos.

    Par exemple, nous ne pensons plus que Tachibana n’est rien de plus qu’un garçon effrayant de terminale.

    De plus, Léon et sa femme sont super cools aussi.

     

     

    « Bon, et maintenant? »

     

    Quelques jours après l’incident, nous eûmes une chance de nous regrouper toutes les trois au MAHO-do. 

     

    Après les corvées habituelles et la fermeture du magasin, nettoyant et collant des étiquettes avec les prix, je demandai : « Alors, où ils en sont tous les deux ? »

     

    Je voulais vraiment savoir.

     

    « Eh bien, ils y vont doucement à présent. Tachibana étudie vraiment sérieusement pour devenir vétérinaire, et il est aussi occupé par son petit boulot, donc ils ne se voient pas très souvent. » Expliqua Emilie.

     

    Bon, c’était inattendu, j’imagine.

     

    Et il semblerait qu’Helena parle à Emilie de beaucoup de choses maintenant.

     

    « Vétérinaire? Il y a vraiment trop de rebondissements inattendus dans cette histoire. » Commenta Sophie.

     

    « Helena se demande si elle ne pourrait pas candidater pour la même université que lui, donc elle étudie vraiment sérieusement ces derniers jours. » Ajouta Emilie.

     

    Ahh, je suis tellement jalouse.

    Est-ce que ce sera bientôt à mon tour de connaître une histoire d’amour ?

    Peut-être qu’un jour, je tomberais nez à nez avec un beau lycéen au coin de la rue en allant à l’école.

     

    « Doremi, continue de penser à ça, et tu auras ton propre petit ami bientôt » dit Emilie.

     

    « C’est vrai. Peut-être a-t-il été à tes côtés tout du long » lança Sophie.

     

    Ces deux-là peuvent vraiment lire dans mes pensées parfois!

     

    Héhéhé, j’espère que ça arrivera vraiment un jour…

     

    Les hortensias qui avaient fleuri dans la cour du MAHO-do ont maintenant fanées avec la fin de la saison des pluies.

     

    Et l’été qui arrive, quand les tournesols seront hauts et fleuris, j’aurais définitivement trouvé mon petit ami.

     

     

     FIN DU CHAPITRE 4

    ( rendez-vous au chapitre 5! )

     

    TRADUCTION FRANÇAISE: BOBOSSE


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  • Chapter 5 “Believe in your dreams”

    -PARTIE 1-

     

    La brise soufflait entre les branches des arbres alors que nous marchions en direction de la source de la rivière Fukiyama.

    Mon père marchait en tête, suivit de Loulou, et je fermai la marche.

    Nous étions tous dans des salopettes traditionnelles de pêcheurs de ruisseau, et nous transpirions comme des bœufs.

    Je portais l’ancienne salopette de mon père, et Loulou celle de mon grand-père. Les deux étaient trop grandes pour nous, ce qui rendait la marche difficile.

     

    « Papa, on est bientôt arrivés ? 

    —On y est presque, courage. »

    Papa, qui portait toutes les cannes à pêches, avait en plus de la salopette une veste spéciale pêche à la mouche, il devait donc encore plus suer que nous.

    « Loulou est avec nous, donc faisons juste une pause » Suggérai-je, épuisée. On marchait depuis près de 30 min.

    « Ça va. » Répondit Loulou, l’air imperturbable.  Puis elle sembla entendre quelque chose. « Hum ? »

    Je tendis l’oreille à mon tour, et entendis faiblement le murmure d’un ruisseau.

    « Tu entends ça ?

    —Yep ! »

    Une fois sortis de la forêt et le ruisseau trouvé, nous avons pu nous rafraîchir dans l’eau claire et froide.

    Je me sentis soudain pleine d’énergie à nouveau et continuais de marcher, en fredonnant.

     

    Comment nous nous sommes retrouvés à pêcher tous les trois ? Ça s’est passé la nuit dernière, alors que nous nous rassemblions tous au coin du feu chez mon grand-père, dînant.

    « Le poisson est délicieux ! » complimenta Loulou.

    Depuis qu’elle est arrivée à Hida, Loulou était restée muette la plupart du temps, et tout commença grâce à cette phrase qu’elle prononça.

    Loulou avait beaucoup réfléchis sérieusement à son avenir. Elle espérait prendre une décision sur le fait de continuer sa carrière d’actrice ou non durant ce petit voyage.

    Connaissant le dilemme de Loulou, nous avions trouvé difficile de se relaxer jusqu’à présent.

    Nous étions tous frustrés de ne rien pouvoir faire d’autre que de rester à ses côté et prendre soin d’elle. Cependant, avec la phrase qu’elle venait de dire, l’atmosphère s’allégea immédiatement.

    Papi avait fait griller de la truite au feu de bois pour nous.

    Ce jour-là, Papa et Papi étaient partis pêcher à la rivière Fukiyama à côté de la maison. Ils avaient attrapés ces magnifiques truites, qui ressemblaient beaucoup à des saumons.

    "Ces truites sont différentes du saumon parce qu’elles ont des petits points rouges. Avec la rivière Sakawa de la préfecture Kanagawa qui fait office de frontière, le côté Est est  rempli de saumon, alors que les truites sont dans le côté Ouest. » Expliqua Papa, montrant ses vastes connaissances sur la pêche. Après cela, il demanda : « Alors ? ça vous dirait de venir pêcher  quelques truites demain les filles ? »

    « … »

    Loulou ne semblait pas vraiment emballée.

    « Il y a quelque chose que je voudrais montrer à Loulou là-bas. » Ajouta Papa.

    « Quelque chose à me montrer ? »

    Sans lui répondre, Papa se retourna vers Papi et demanda: “Papi, les nymphes sortent autour du jour du Bon Festival, n’est-ce pas?

    Papi hocha la tête sans un mot.

    « C’est quoi cette histoire de nymphe ?  Demandai-je.

    —Les nymphes sont le stade avant celui d’adulte pour les insectes comme les éphémères. Il y a un bassin d’eau stagnante à côté de la source d la rivière Fukiyama où le courant n’est pas très fort, et c’est là que les nymphes émergent sous leur forme adulte, volant toutes en même temps.  C’est un endroit magique où toutes les truites et les ombles se rassemblent pour capturer leurs proies, sans prêter attention aux pêcheurs. C’est pourquoi nous n’avons pas besoin d’appât vivant pour attraper ces poissons. 

    —Est-ce que ça veut dire que même moi je pourrais pêcher un poisson moi-même ?  Demandai-je.

    —Bien sûr. Répondit Papa.

    —ça m’a l’air intéressant ! Loulou, on y va ?

    —D’accord !

    —Bien, c’est décidé alors ! Emilie, Sophie, qu’en est-il de vous ? Demanda papa.

    —Emilie a dit qu’elle m’aiderait pour mes devoirs ! Elle ne peut pas y aller ! Déclara Bibi.

    —Les éphémères sont justes des gros insectes pour moi. Désolée. Je n’aime vraiment pas les insectes.  Ajouta Emilie.

    —Je passe mon tour aussi. La compétition approche, et j’aimerai m’entraîner sur le terrain de cette école primaire derrière la maison. » Dit Sophie.

     

    Au final, nous sommes donc les trois seuls qui voulurent aller jusqu’au bassin.

    Avec le soleil qui brillait à l’ouest, la surface de l’eau réfléchissait ses rayons, brillant d’un jaune or.

    Nous penchant vers la surface de l’eau, nous lavâmes nos visages et les séchâmes avec une serviette, avant d’essuyer la transpiration de nos corps.

    Alors que Loulou et moi étanchions notre soif avec des breuvages que nous avions apportés, Papa régla les lignes des cannes à pêches et commença à pêcher.

    Immédiatement après qu’il ait jeté la ligne, une truite d’environ 20 cm de long sauta hors de l’eau et se jeta sur l’hameçon. Papa planta la canne à pêche dans le sol, et sans la remonter, attrapa la ligne et tira de façon experte dessus. Puis, utilisant le filet qu’il avait porté sur son dos, attrapa la truite.

    « Wow, c’était génial ! »

    Loulou et moi étions toutes deux ébahies par la tournure des événements, et nous pressâmes pour aller voir la truite dans le filet.

    Avec des rayures bleutées et des points rouges, c’était vraiment une belle truite.

    « Les nageoires sont bien développées aussi, vous voyez ? Les truites de cette région sont toutes sauvages, par élevée par l’Homme. » Dit joyeusement papa, en enlevant l’hameçon et sortant une espèce de poche à eau de sa veste.  

    Il remplit la poche à eau dans le ruisseau, puis mis l’embout dans la bouche de la truite, et injecta de l’eau dans le poisson.

    Il aspira ensuite un peu d’eau de la bouche de la truite, et la vida dans un petit plat blanc qu’il avait préparé.

    Avec ça, les proies qu’avait ingérées la truite avant de se faire attraper flottaient dans le plat. Il y avait des insectes noirs ressemblant à des chenilles, et d’autres de couleur crème comme des larves de mouches.

    « Haha, j’avais raison. Les noires sont des nymphes d’éphémères, et les couleur crème sont des mues d’adulte. » Dit Papa en relâchant la truite et en lavant le plat des restes d’insecte dans le ruisseau. Il remit ensuite le tout dans sa veste avec la poche à eau.

    Remontant la ligne, il détacha l’appât artificiel de l’hameçon.

    « Papa, on ne pêche déjà plus ?  Demandai-je

    —On doit encore marcher un peu, et nous pourrons attraper tous les poissons que nous voudrons. »

    Tout en disant cela, il attacha les moulinets sur nos cannes à pêches et nous aida à passer la ligne dans la tige de la canne. Il attacha ensuite quelques appâts artificiels qui ressemblaient à des éphémères sur nos hameçons et nous passa les cannes. Nous continuâmes ensuite de marcher vers le bassin situé plus haut.

     

     

    Le bassin était un endroit silencieux, comme si le temps s’était arrêté en cet endroit.

    L’eau coulait toujours, mais si doucement que nous ne pouvions l’entendre. La surface de l’eau était comme un miroir, réfléchissant le ciel qui était passé du doré au rouge.

    Nous nous assîmes sur des rochers le long de la courbe de la rive droite du ruisseau et attendîmes que les éphémères muent.

    Regardant le soleil couchant à l’est, papa dit : « Ça va bientôt commencer, le festival. »

    Comme si ils avaient attendus ces mots, de petits anneaux commencèrent à se former à la surface de l’eau.

    A l’intérieur de ces ondulations, nous vîmes des nymphes de couleur crèmes émerger et voler hors de l’eau, leur queue balançant.

    Suite à ça, d’autres rides se formèrent sur l’eau, et les nymphes sortirent toutes de l’eau.

    Et l’instant suivant, truites et ombles commencèrent à sauter hors de l’eau.

    Splash… Splash… Splash splash splash splash!

    Un nuage de nymphes dansait devant nos yeux.

    Il y en avait tellement que notre vision des alentours en fut brouillée.

    Et à la surface de l’eau, un nombre incalculable de poisons continuer de danser en attrapant leur proie.

    Loulou et moi restâmes immobiles et sans voix.

    « Qu’est-ce que…! » Demanda Loulou. Je me retournai en lançant un regard interrogateur à mon père.

    Papa était occupé à appuyer sur le déclencheur de son appareil photo, immortalisant la scène. « On appelle ce processus de mue l’éclosion, mais quand toutes les larves éclosent en même temps, on appelle ça une super éclosion. »

    « Mais il y en a tellement… »

    Quelques nymphes nous étaient tombées dessus et se tortillaient, mais nous leur prêtâmes aucune attention, regardant avec ébahissement ce phénomène naturel qui se produisait sous nos yeux.

    Ayant pris assez de photo, le visage de papa devint sérieux alors qu’il s’adressait à Loulou. « Je voulais te montrer ça. Tous ces insectes aquatiques, pas juste ces nymphes, vivent dans l’eau pendant un an, et quand le temps vient, ils muent tous ensemble. Parmi eux, ils y en a qui échouent, et d’autres qui se font manger pas les truites, mais ils se battent tous et font tous les efforts possibles pour muer. »

    Loulou continuait de regarder le bassin et les poissons sautant joyeusement, sans cligner des yeux.

    « Tu est maintenant comme ces nymphes, passant de l’enfance à l’âge adulte. Continuant à te battre, et émergeant finalement. Je pense que c’est la meilleure chose à faire, après tout. 

    —…Merci. Vous m’avez montré quelque chose de vraiment merveilleux.

    —Même papa peut dire des choses intelligentes quand il veut, dis-je.

    —C’est quoi ce « même » ?! » Rétorqua Papa.

    Loulou gloussa.

    « Très bien, attrapons le dîner ! »

    Nous jetâmes tous nos lignes ensemble. Les truites et les ombles furent pris dans nos hameçons les uns après les autres. Nous relâchâmes tous les poissons de moins de 20 cm, et en gardâmes 9 d’environ 25 cm.

    Alors que nous rangions notre équipement, la super éclosion s’acheva, et la rivière Fukiyama redevint  silencieuse comme si rien ne s’était passé.

    La nature est vraiment magique et incroyable.

     

     

     TRADUCTION: BOBOSSE


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  • Chapitre 5

    partie 2

     

     

    Après cette journée, Loulou devint super-active et commença à discuter joyeusement avec tout le monde, comme si un poids avait été retiré de ses épaules.

    Tôt le matin, elle invita une Bibi encore endormie à se joindre à elle pour des exercices sportifs matinaux, près de l’école élémentaire. Ensuite, elle alla avec mamie et maman dans les champs pour récolter quelques légumes de saison. Après cela, elle accompagna Sophie à son entraînement d’athlétisme, et elles transpirèrent bien toutes les deux.

    Enfin, c’est ce que m’a raconté Emilie.

    Ouaip, moi j’ai dormi jusqu’à midi.

    C’est parce-que nous étions toutes si excitées durant la soirée pyjama d’hier soir que je n’ai pas réussis à m’endormir. Ha haha.

    Je suis descendue me rafraîchir avec l’eau du robinet de la cour, rattaché directement au puit. J’aperçus Loulou qui se dirigeait vers le bureau de mon grand-père, à quelques mètres.

    « Bonjour, Loulou. 

    —C’est un peu tard pour les salutations matinales. Tu es une vraie marmotte.

    —Oups. Enfin peu importe, quoi de neuf ?

    —Je pensais aller demander à grand père de me laisser regarder son travail. M’expliqua Loulou.

    —Oh, je viens aussi, alors. »

     

    L’odeur du vernis nous parvint sitôt entrées dans la pièce.

    En plus d’être agriculteur, grand-père est un maître laquier « Shunkei » plutôt connu dans la région. Le style « Shunkei » diffère de la façon dont on laque habituellement les objets, de par l’envie de faire ressortir la beauté du bois utilisé comme matériel, et il utilise donc plus des tons rouges et jaunes.  Il peut être appliqué sur des plateaux, les boîte-bento et sur les coupelles de tasse à café.

    « Est-ce que ça dérange si nous vous regardons travailler ? » Demanda Loulou. Grand-père, qui était en train de fini de laquer un masque traditionnel Nô utilisé pendant les cérémonies, s’arrêta et acquiesça silencieusement.

    Les yeux de Loulou brillèrent d’émerveillement en contemplant le travail précautionneux de grand-père, mais personnellement, je commençai vite à m’ennuyer, et lâcha un bâillement.

    « Dorémi, j’ai soif. Peux-tu me ramener un peu de thé ? » Demanda grand-père en me tendant une théière vide.

    « Ok ! »

    Alors que j’allais attraper la théière, Loulou me devança et dit « Je vais y aller à ta place ».

    « Ça va aller. Loulou, tu voulais discuter avec papi, n’est-ce pas ? A plus tard. »

    Une fois que j’eus quitté la pièce, Loulou se leva et alla s’asseoir à côté de grand-père.

    « Vous voulez un massage des épaules ? 

    —Je ne veux pas t’embêter, mais si tu veux bien, je t’en remercie »

    Alors que les mains de Loulou s’affairaient à masser, elle demanda :

     « Grand-père, je peux vous demander quelque chose ? 

    —Oui, quoi donc ?

    —Depuis combien de temps êtes-vous laquier ?

    —Hum…Je l’étais avant de rencontré mamie, donc ça doit faire environ 60 ans.

    —Wow ! C’est incroyable.

    —Pas tellement

    —Mais vous continuez de créer de si belle pièce. Je vous admire vraiment. Vous devez avoir beaucoup de talent pour ça. » Dit Loulou en regardant les plateaux et boîtes bento posés sur l’étagère par grand-père.

    « Du talent ? Ce n’est pas vrai. J’ai juste regardé et recopié ce que faisait mon père.

    —Mais ne faire que ça ne permet pas de créer de si belles pièces. Ce sont comme des objets d’arts. 

    —Ho ho ho, tu peux continuer à vanter mon travail, mais je ne peux  rien t’offrir d’autre que du thé en échange.

    Loulou rigola, et j’arrivais à cet instant.

    Après avoir servi du thé pour tous les trois, nous le bûmes ensemble.

    « Si je suis effectivement doué de quelque chose, c’est de la force de continuer à faire ce que j’aime. » Dit grand-père les yeux mi-clos.

    « Continuer…à faire ce que j’aime ? »

    L’expression de Loulou s’illumina un instant, et il m’était facile de deviner pourquoi.

     

     

    « Je vais continuer ma carrière, pour moi-même. »

    Loulou nous annonça sa décision une nuit où nous jouions avec des petits feux d’artifices dans la cour.

    Cette soudaine déclaration choqua un peu Emilie et Sophie au premier abord.

    Comme je m’en doutais déjà, je lui souris et répondis :

     « Oh ! Je suis contente que tes hésitations prennent fin. 

    —Merci.

    —Je le savais. Loulou ne peut pas se contenter d’être qu’une fille normale. Etre une actrice te convient vraiment mieux. » Dit Emilie en s’approchant pour donner un nouveau bâton de feu d’artifice à Loulou.

    « Vraiment ?

    —Loulou est vraiment belle ce soir. Comme si ton aura de superstar rayonnait. » Ajouta Sophie en allumant son propre bâton avec celui de Loulou.

    « Merci. » Répondit Loulou, en faisant tournoyer des étincelles.

    Ne restant pas en reste, je fis tournoyer mon propre bâton et demanda : « Hey, tu as dit que tu allais continuer à être actrice « pour toi-même ». Qu’est-ce que tu veux dire par là ? 

    —Au moment où je suis entrée dans l’industrie du show-business et que j’ai commencé à travailler dur pour être une enfant star, j’ai tout fait pour réaliser les rêves de ma mère. En échange, ma mère m’aidait à gérer toutes les choses en dehors du travail.

    —Mais tu n’étais qu’une enfant à l’époque, c’était sa responsabilité.

    —J’étais vraiment gâtée à l’époque. Mais maintenant, je me reposerais sur moi-même, et peu importe à quelle lenteur avancent mes progrès, je continuerais à marcher  sur le chemin de la vie d’actrice, avec joie. »

    Tout en disant  cela, elle se tourna vers Papa et Papi qui buvaient de la bière sous la véranda, et acquiesça dans leur direction. Papi et Papa sourirent et levèrent leurs verres.

    A cet instant, maman nous apporta du thé glacé. Nous attrapâmes chacune une tasse et les levèrent en l’air.

    « Portons un toast au futur de Loulou !

    —Santé ! »

    Nous bûmes toutes nos verres d’une seule traite.

     

     

    Loulou, fidèle à elle-même, fit rapidement bouger les choses.

     Après notre retour de Hida, où nous avions passé nos vacances, Loulou apparu à la fermeture du MAHO-do.

    « Salut ! » Elle fit signe de sa main droite et entra avec désinvolture dans le magasin.

    « Lo-loulou ?!

    —Qu-qu’est-ce que tu fais là ? »

    Emilie et moi la regardâmes, bouche bée, comme si nous avions aperçu un fantôme.

    Sophie ne travaillait pas aujourd’hui, elle devait concourir pour une compétition inter-lycée.

    « Qu’est-ce qu’il y a ? Je ne suis pas un fantôme. Regardez, j’ai des jambes. »

    Sans réfléchir, Emilie et moi regardâmes les jambes de Loulou.

    « Hihihi, donc tu es la vraie Loulou ! » Dit Emilie avec un petit rire.

    « Mais pourquoi ? Tu n’as pas parlé de revenir ici quand on était à Hida.

    —Héhé. En fait, je viens juste de signer un contrat dans  une  nouvelle boite de production, donc je suis venue vous l’annoncer.

    —Hein !? »

    Je tombais de ma chaise, choquée, et les lunettes d’Emilie descendirent sur son nez.

    Comme satisfaite de nos réactions, Loulou rigola en se tenant les côtes.

    « Loulou, c’est pas gentil…

    —Désolée. C’était une réaction encore meilleure que celle à laquelle je m’attendais. »

    Loulou m’aida à me relever, puis s’assit à la table et commença à expliquer comment elle avait signé avec une nouvelle agence.

    Les jours suivant sa décision de redevenir actrice, Loulou retourna à Hokkaido annoncer à ses parents qu’elle souhaitait refaire ses débuts à Tokyo. Ses parents, sentant bien que cette décision était mûrement réfléchie, acceptèrent sa requête. Depuis, elle a contacté chaque agence quelle connaissait de par ses relations dans le show-business. Cependant, avec son image d’enfant star uniquement capable de jouer des rôles d’enfants qui lui collait à la peau et sa côte de popularité au plus bas, aucune compagnie ne voulait d’elle. Mais Loulou n’a pas abandonné.

    Par le passé, Loulou avait rencontré une actrice du même âge, Karen Morino, à une audition, et elles avaient gardé contact. Après concertation, Karen lui a présenté la compagnie avec laquelle elle avait signé. Loulou a immédiatement écrit une lettre à l’agence, se présentant et exprimant son envie de redevenir actrice, et elle reçut rapidement une réponse demandant un entretien en tête à tête.  Et aujourd’hui, elle avait voyagé jusqu’à Tokyo pour passer l’entretien dans les bureaux de la compagnie.

    Cette habilité à prendre les choses en main est une des plus grandes qualités de Loulou.

    « Leur bureaux étaient plutôt petits, mais ils se concentrent sur la carrière de leur artistes au lieu de juste faire du profit, donc j’ai décidé de signer chez eux. 

    —C’est super !

    —Félicitations, Loulou.

    —Merci. »

                    A cet instant, Maggie Grigri et Lala vinrent se joindre à nous.

    « Oh, mais c’est Loulou !  S’exclama Maggie Grigri.

    —Maggie Grigri, Lala, ça fait si longtemps !

    Elles se firent un câlin, ravies de ces retrouvailles.

    « Maggie Grigri, Loulou vient de signer avec une nouvelle agence.

    —Oh, c’est vrai ? Tu vas rester ici ?

    —Nope. J’ai prévu de vivre à l’internat de l’agence.

    —Oh, en parlant de ça, il y avait des rumeurs comme quoi vous alliez vendre la maison de famille ? »

    —Ca a été inventé par les médias. Une fois maman guérie, on reviendra habiter ici. 

    —Je le savais !

    —Tous ces changements ne vont pas être difficiles, Loulou ?

    —C’est vrai ça. Que penses-tu de devenir apprentie aussi, Loulou ? » Suggéra Lala

    Nous lui avions aussi conseillé ça, mais Loulou avait refusé obstinément.

     « Je m’en sortirai très bien comme ça.

    —Mais…

    —Si je pouvais utiliser la magie, je suis sûre que je l’utiliserais pour mon propre profit, comme par le passé. Et puis j’essaierais aussi de guérir Maman. » Répondit Loulou avec un sourire avant de nous tirer la langue avec malice, même si ses yeux étaient très sérieux.

    Aborder ce sujet laissa un blanc.

    Sentant cela, Emilie changea de conversation :

    « Et le lycée ?

    —C’est bon.  Je me suis faite transférée dans un lycée avec des cours pour célébrités.

    —C’est bien notre Loulou ! Tu penses vraiment à tout.

    —Les cours de danse et de chant commencent demain, donc il fallait mieux régler tous ces détails à l’avance.

    —Loulou Segawa est finalement en passe de devenir une grande actrice. On te soutien à fond !

    —Bon courage !

    —Merci. Assez parlé de moi. Dorémi, je viens de croiser François sur le chemin pour venir ici. Dit Loulou

    —V-Vraiment…

    —François est devenu vraiment cool ! Je comprends que tu lui aies laissé une lettre d’amour. »

    Pendant nos vacances à Hida, j’avais raconté à Loulou toute l’histoire avec François.

    « On a pas beaucoup parlé, et quand j’ai abordé le sujet de Dorémi, François est partit en courant comme s’il s’enfuyait.

    —Loulou, ne reparlons pas de ça ! » Implorais-je, tentant de changer de sujet.

    « A en juger par son comportement, je pense qu’il s’inquiète toujours du fait qu’il ne t’ait pas donné de réponse.

    —Alors Loulou le pense aussi. Je crois bien que c’est ça. » Emilie se joignit avec passion à la conversation. « Une confession amoureuse par écrit demande beaucoup de soin et de réflexion, donc il doit encore réfléchir à certaines choses. 

    —Je comprends. Je me suis sentie pareille quand je suis partie à Hokkaido. Je savais que tout le monde allait s’inquiéter pour moi, mais il y aurait eu beaucoup de problème si j’en avais parlé…au final, ça a été vraiment dur de n’en parler à personne. »

    Je fus heureuse de voir tout le monde s’impliquer autant pour moi. Mais ? Est-ce que ça voudrait dire…

    « Qu’est-ce qu’il y a Dorémi ? 

    —Euh… »

    Je ne savais pas comment expliquer ça clairement, mais si François m’aimait vraiment, est-ce que ça voudrait dire qu’on pourrait se mettre ensemble ? François a toujours pris soin de moi. Même s’il n’arrêtait pas de se plaindre à ce propos,  il était toujours en quelque sorte en train de me protéger. J’ai l’impression qu’il n’aurait pas fait tout ça pour quelqu’un d’autre que moi.

    « Est-ce que ça ne veut pas dire qu’il t’aime ? »

    Loulou pourrait avoir raison. C’est comme si on avait toujours été en couple.

    « Dorémi, pourquoi tu n’irais pas lui demander en personne, au lieu d’écrire ou d’appeler ? Vous êtes tous les deux dans le même lycée, c’est bête que votre relation reste tendue comme ça. » Dit Emilie.

    Cependant, j’avais l’impression qu’il avait fait exprès de m’éviter ces jours-ci.

    « C’est vrai. Je pense que ça clarifierait vraiment les choses.  Ajouta Loulou.

    —Loulou peut vraiment être directe… »

    Mais être directe est ce qui nous a donné nos boulots au MAHO-do, et nous a permis de résoudre plein de problème grâce à la magie, et nous a fait rencontrer de nouveau amis, pour n’en citer qu’une partie.

    Le lycée est un endroit où beaucoup d’élèves viennent de loin et se regroupent, et je me suis fait des amis qui m’ont appris un tas de choses dont j’ignorais tout.

    Si j’avais un petit copain, est-ce que je l’aimerai plus que mes amis ?

    Je sais que je n’en ai pas pour le moment, mais je ne peux pas m’empêcher de m’en inquiéter.

    Après avoir exprimé mes préoccupations, Emilie sourit et me rassura : « Ça ira Dorémi. Je suis très attachée à Frédéric, mais je vous adore toutes, ainsi que mes amis de l’académie Karen et ma famille aussi. »

    Lala fit un clin d’œil et continua : « Il y a tellement de choses que vous autres adolescents veulent faire. C’est vraiment dur de tout laisser tomber pour se concentrer sur l’amour. »

    A cet instant, mon téléphone sonna, prévenant d’un nouveau message.

    « Ah, c’est Sophie ! »

    Emilie regarda l’horloge du magasin et ajouta : « La compétition vient probablement juste de se finir ! »

    D’après un message qu’elle avait envoyé ce matin, Sophie était allée jusqu’en finale, avec un temps qui la classait dans les 5 premiers. Je lui téléphonai immédiatement.

    « Salut Sophie, c’était comment ? »

    Sophie resta silencieuse.

    « Qu’est-ce qu’il y a Sophie ? »

    Tout le monde se rassembla avec inquiétude autour de moi.

    « Salut Sophie ! »

    J’entendis un faible sanglot.

    « Sophie…pleure. »

     

     

    TRADUCTION: BOBOSSE

     

     


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